Face au changement climatique Quelles options d'adaptation pour les systèmes de cultures industrielles ?
Face aux évolutions attendues du climat, plusieurs voies s'ouvrent pour compenser les méfaits mais aussi profiter d'effets positifs. Certaines vont plus loin que d'autres.
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Après avoir caractérisé la nature des évolutions climatiques à prévoir et leurs effets sur les itinéraires culturaux du blé et de la betterave dans une exploitation type de la Somme, il reste à émettre les hypothèses d'adaptation possible pour les chefs d'exploitation. Des options qui dépendent de choix individuels mais aussi des politiques publiques pour l'agriculture.
Option 1 : Utiliser de nouvelles variétés
L'objectif est d'éviter les probables effets négatifs du changement climatique sur le blé, en l'occurrence stress thermique et dégradation du confort hydrique, en repositionnant le cycle de la culture. L’utilisation de variétés plus précoces est le principal levier de cette stratégie d'esquive. Surtout qu'il permet de tirer parti des effets positifs du réchauffement (augmentation du taux de CO2 et du potentiel de croissance précoce). On peut s’attendre, dans cette hypothèse, à un maintien voire à une légère augmentation du rendement, avec toutefois une variabilité inter-annuelle accrue.
Concernant la betterave, l’utilisation de variétés adaptées doit permettre d'absorber une partie des effets négatifs du changement climatique et de bénéficier des effets positifs sur le rendement de l’augmentation des températures au printemps.
Option 2 : Mettre en place de l’irrigation d'appoint
L'objectif est de profiter au maximum de l'offre climatique favorable et de compenser la dégradation du confort hydrique par de l’irrigation d’appoint, pour le blé comme pour la betterave. Pour ce faire, il s’agit de limiter le raccourcissement naturel du cycle du blé avec des variétés tardives et ainsi bénéficier des effets positifs de l'augmentation du CO2, de la baisse du risque de gel des épis et de l'augmentation du rayonnement pendant la montaison. L’irrigation permet également d'avancer fortement la date de semis et de s'assurer de bonnes conditions de levée. L’apport d’eau permet également de gérer le déficit hydrique en fin de cycle. Pour la betterave, l'allongement du cycle de végétation, avec des dates de semis avancées grâce à la hausse des températures au printemps et une récolte retardée en hiver, permet d'accroître le rendement.
Option 3 : Développer l'agriculture de conservation avec des sauts technologiques de désherbage
Cette option repose sur un changement profond des pratiques agricoles, celles propres à l’agriculture de conservation : la couverture du sol, la suppression du labour, et l’allongement des rotations visent à rendre le système plus résilient aux variations climatiques.
La diversification des cultures permet effectivement de disperser les risques. Les cultures de maïs et de légumineuses pourraient être développées, le maïs profitant d’une évolution climatique favorable. La couverture du sol protège et réduit les pertes en eau par ruissellement et par évaporation, et améliore les conditions de levée. Néanmoins, les conditions climatiques dans lesquelles ces bénéfices s'exprimeront nettement resteront assez rares. La betterave pourrait également être implantée en semis direct après une réduction progressive du travail du sol.
La contrainte essentielle qui limite le recours au non-labour étant le désherbage, le développement de technologies de désherbage de précision, par exemple de robots autonomes, favoriserait fortement ce type d'approche. Une variante ou un prolongement de cette option serait une conversion à l'agriculture biologique. En effet, les travaux disponibles (Brisson et Levrault, 2010) suggèrent que l'agriculture biologique ne sera pas défavorisée par le changement climatique et que l’écart de rendement entre production conventionnelle et biologique tendra à diminuer.
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